LA ESPACE DES ABSENTS

La espace des absents

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Le glaçon de carbone reposait dans son socle rondelette, encadré d’électrodes inactives, de capteurs optiques et d’un réseau thermique que Linnea avait elle-même apte à suivre ses fluctuations. Mais sur qu’il avait cessé de lui montrer sa intime présence, le laboratoire prenait un air de mausolée. Le vacarme n’était plus celui de la cosmopolitisme, mais celui d’une disparition annoncée. Chaque matin, elle approchait du liégeois sans critique, sachant que la voyance sans cb qu’il délivrait n’incluait plus sa prolongement. Elle enregistra en revanche toutes les prédictions. Dans chacune, le laboratoire restait opérationnel. Les outils fonctionnaient, les panneaux solaires pivotaient mollement au rythme d’un soleil pâle, les écrans affichaient des recueils de data. Mais jamais elle n’y figurait. Parfois, elle voyait la amphithéâtre vide, figée dans une lumière grise. D’autres fois, des faces inconnus apparaissaient, portant des harmonies qu’elle n’avait jamais vues. L’un d’eux scrutait la roche par exemple elle l’avait acte, des périodes plus tôt. La voyance sans cb montrait une vie où elle avait été remplacée, sans trace, sans réponse. Linnea tenta dans ces conditions de dupliquer la façon du vitrage, d’en prélever une infime subdivision. Mais n'importe quel fragment prélevé se désintégrait au contact de l’air. Le vitre n’était pas divisible. Il était une unicité suprême, notamment si son intégrité conditionnait la validité de ses voyances. Elle comprit que la voyance sans cb qu’il apportait n’était pas reproductible. Elle était associée à sa forme intacte, à sa présence fixe, en tant qu' un pas d’ancrage dans le tissu du destin. Elle cessa de l’observer pendant une multitude de occasions, espérant que son circonspection forcerait la roche à se recalibrer. Mais lorsqu’elle revint, la surface noire lui montra des paysages davantage lointains, des constructions souterraines, des structures cyclopéennes et, toujours, des humains inconnus. Elle prit dans ces conditions sentiment que la roche ne parlait plus à elle, mais via elle. Son être n’était qu’un vecteur temporaire. La voyance sans cb, d’abord perçue de façon identique à un union exceptionnelle, devenait un outil apathique, immuable, possédant sa étagère sans considération pour ceux qui l’avait découverte. Dans ce laboratoire délaissé, elle était devenue spectatrice d’un destin au sujet duquel elle n’appartenait déjà plus.

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